Thyroïde et céto : faut-il vraiment s’inquiéter ?
Le céto fatigue la thyroïde ?
On l’a lu, on l’a entendu, on a même vu des médecins froncer les sourcils en regardant vos analyses. Sauf que… c’est souvent une fausse alerte. Et voilà pourquoi.
Ce que la T3 veut dire… et ne veut pas dire
T3, T4 : les hormones qui règlent votre feu intérieur
La thyroïde, c’est votre thermostat. Elle fabrique deux hormones clés : T4, la forme de réserve, et T3, la forme active.
T4 circule tranquillement dans le sang. Elle attend qu’un signal la transforme en T3, celle qui donne vraiment l’énergie aux cellules : battre, digérer, penser, brûler les graisses.
Pas de T3 ? Pas de feu. Même si la T4 est là, si elle ne se transforme pas, vous vous sentez à plat. Fatigue, frilosité, prise de poids, moral en berne.
Et cette transformation a ses exigences : zinc, sélénium, fer, un foie au top et pas trop de stress. Parce que le stress, lui, bloque tout.
T4 c’est l’allumette. T3 c’est la flamme. Et vous, vous méritez d’être allumée, pas éteinte.
Et en céto ?
Quand on adopte une alimentation cétogène bien menée, il est courant que la fameuse hormone T3 — la triiodothyronine — baisse un peu. Pas de panique. Ce n’est pas le signe d’une hypothyroïdie, c’est souvent juste un signe… d’adaptation.
La T3, c’est un peu comme la pédale d’accélérateur du métabolisme. Quand on carburait aux glucides, il fallait appuyer plus fort pour tenir la route. En céto, le moteur devient plus efficace, plus propre, moins gourmand. Résultat ? Le corps diminue la dose de T3. Logique. Pas pathologique.
Quand s’inquiéter ?
La baisse de T3 devient un souci seulement si elle s’accompagne de symptômes bien nets : fatigue constante, frilosité extrême, moral dans les chaussettes, constipation, chute de cheveux… Là, oui, on creuse. Mais une simple baisse sur les analyses sans le moindre symptôme ? Rien d’alarmant.
Et surtout, ce n’est pas « la faute du céto ». C’est souvent la faute d’un céto mal fichu :
– pas assez de calories
– trop peu de protéines
– ou encore trop de stress
– trop de café et pas assez de sommeil
– carences en iode, sélénium, zinc ou tyrosine
En clair : ce n’est pas le carburant qui est mauvais, c’est le réservoir qu’on a oublié de remplir.
Et en cas d’hypothyroïdie auto-immune ?
Hashimoto, cette forme d’hypothyroïdie liée à une inflammation chronique, touche surtout les femmes. Et là, surprise : un céto anti-inflammatoire, bien construit, sans produits ultra-transformés, sans excès de laitage ou d’oxalates, peut faire baisser les anticorps anti-TPO. Oui, vraiment. De nombreuses personnes voient leur état s’améliorer. Parce que réduire l’inflammation, c’est soulager la thyroïde.
Le céto ne flingue pas la thyroïde. Il la met au repos actif.
C’est comme passer d’un mode survie à un mode économie d’énergie optimisée.
Mais pour que ça fonctionne, il faut que l’alimentation soit complète, variée, nutritive… et adaptée.
Alors non, vous n’êtes pas condamnée à choisir entre votre poids et votre thyroïde. Vous pouvez avoir les deux : un métabolisme apaisé et une santé hormonale au top.
Mais pas en mode guerrière sous-calorique, hein. En mode souveraine bien nourrie.
Ce que disent les études
Could the ketogenic diet induce a shift in thyroid function and support a metabolic advantage in healthy participants? L’étude randomisée croisée sur des sujets sains montre qu’en état de cétose nutritionnelle (trois semaines), la concentration de triiodothyronine (T3) diminue significativement tandis que celle de thyroxine (T4) augmente, sans modification de l’hormone stimulant la thyroïde, suggérant une adaptation métabolique particulière sous cétogène. T3 plus basse, mais sans aucun symptôme.
Efficacy of the Autoimmune Protocol Diet as Part of a Multi-disciplinary, Supported Lifestyle Intervention for Hashimoto’s Thyroiditis : Sur dix-sept femmes atteintes de thyroïdite de Hashimoto, un programme de dix semaines combinant un régime auto-immun strict et un accompagnement multidisciplinaire a entraîné une amélioration significative de la qualité de vie et une réduction marquée des symptômes, sans modification des hormones thyroïdiennes ni des auto-anticorps .
Parallèlement, l’inflammation mesurée par la protéine C‑réactive ultrasensible a chuté de 29 % en moyenne, suggérant une action bénéfique du protocole sur la réponse immunitaire.
Le protocole du régime apaisant pour Hashimoto : mode d’emploi pratique
Le but : apaiser l’intestin, baisser l’inflammation, calmer le système immunitaire sans sortir de cétose. Il s’agit si on n’est pas en céto d’un paléo strict facile à adapter en céto.
Aliments autorisés
Protéines
– Viandes : agneau, bœuf, canard, volaille bio
– Abats : foie, cœur (puissants en nutriments)
– Poissons gras : sardines, maquereau, saumon sauvage
– Bouillons maison (riches en collagène)
Lipides
– Huile d’olive, huile de coco, graisse de canard
– Avocats (si tolérés)
– Graisses animales (saindoux, suif)
Légumes
– Courgettes, concombres, blettes, salades, radis, artichauts, asperges
– Champignons (modérément)
– Fenouil, céleri, endives, choux (en petites quantités si sensibles)
Fruits (en petite quantité si besoin)
– Myrtilles, framboises, mûres (riches en antioxydants, peu sucrées)
– Citron pour assaisonner
Herbes fraîches
– Persil, basilic, origan, coriandre, menthe (pas d’épices en poudre à base de graines)
À éviter pendant la phase stricte
– Œufs
– Fruits à coque, amandes, graines, purées d’oléagineux
– Laitages (même de chèvre ou brebis)
– Solanacées : tomates, poivrons, aubergines, pommes de terre
– Épices dérivées de graines : cumin, coriandre en poudre, moutarde
– Additifs, vinaigres industriels, levures, sauces toutes faites
– Alcool, café
– Édulcorants (même céto), sauf éventuellement un peu de stévia pure en extrait
Exemple de journée céto AIP
Matin : bouillon maison + avocat + sardines à l’huile d’olive
Midi : cuisse de canard confite + courgettes vapeur à l’huile d’olive + herbes fraîches
Soir : foie de volaille poêlé + purée de céleri + salade de fenouil
Collation possible : une infusion, quelques myrtilles écrasées dans une cuillère d’huile de coco
Durée conseillée
Minimum 3 semaines pour observer un effet, jusqu’à 6 semaines si bonne tolérance. Ensuite, réintroductions une par une (par exemple les œufs ou les noix), espacées de 3 à 5 jours chacune, en notant les éventuelles réactions.
À surveiller
– Apport suffisant en protéines
– Gras bien répartis
– Iode (algues ou supplément doux si carence)
– Sélénium (2 à 3 noix du Brésil si réintroduites plus tard ou supplément)
– Fer et zinc (surtout si cycle menstruel ou végétarisme antérieur)
Et pour aller plus loin, rejoignez le groupe Céto Club & Co sur Facebook. On y parle hormones, glandes, chocolat noir et bonheur métabolique. Dans cet ordre ou pas.