Comment l’alimentation cétogène est née : une histoire de cerveaux et de bon sens
Avant les cétones, il y eut… le vide dans l’assiette
L’histoire commence bien avant les blouses blanches et les balances de cuisine. Depuis l’Antiquité, les médecins ont remarqué une chose curieuse : quand un malade ne mangeait plus, certaines maladies semblaient s’apaiser. Notamment les crises de convulsions. Mais à l’époque, pas d’électroencéphalogramme, juste l’intuition et un peu de foi.
Puis au début du XXe siècle, un médecin de Chicago, Hugh Conklin, tente une idée radicale : faire jeûner des enfants épileptiques pendant plusieurs jours. Pas une mode détox, non. Un vrai jeûne thérapeutique. Et là, miracle : les crises diminuent, parfois disparaissent. Le cerveau semble plus calme quand il ne reçoit plus de sucre.
Ce qu’il ne savait pas, c’est que le corps, privé de glucose, entre dans un état métabolique particulier : la cétose. Les corps cétoniques fabriqués à partir des graisses remplacent alors le sucre dans le cerveau… et régulent son activité électrique. Bref, il ne l’a pas fait exprès, mais Conklin a mis le doigt sur le carburant de secours du cerveau en crise.
C’est ce point de départ qui allait inspirer les premiers régimes céto thérapeutiques.
Quand le sucre met le feu aux poudres
Retour au début du XXe siècle. Les enfants atteints d’épilepsie sévère sont à bout de traitements. Les médicaments ? Peu efficaces. Les effets secondaires ? Catastrophiques. Alors on ressort une vieille ficelle de la médecine antique : le jeûne.
Oui, jeûner. Comme dans « rien du tout, même pas une tartine ». Et miracle : en arrêtant de manger, certaines crises s’arrêtent aussi. L’hypothèse est posée : et si le cerveau en crise carburait trop au sucre ?
Le cerveau a ses raisons
Des chercheurs allument leurs lampes à huile neuronales : pendant un jeûne prolongé, le corps change de carburant. Il produit des corps cétoniques à partir des graisses. Et ces cétones… calment le cerveau. Beaucoup. Mieux que les cachets.
Mais faire jeûner des enfants indéfiniment, ce n’est pas franchement une option éthique ni festive.
Alors en 1921, un endocrinologue américain du nom de Russell Wilder, à la Mayo Clinic, se demande :
« Et si on mimait le jeûne… sans jeûner ? »
Hop, il invente un régime ultra gras, très pauvre en glucides et avec juste assez de protéines : le régime cétogène était né. À l’époque, c’est une thérapie strictement médicale, conçue pour mettre le corps en cétose nutritionnelle, c’est-à-dire dans cet état métabolique où le cerveau carbure aux cétones plutôt qu’au glucose.
Gras, mais pas idiot
À l’hôpital, la méthode fait ses preuves. En particulier chez les enfants avec épilepsie résistante. Les crises diminuent, parfois disparaissent. Sans médicament. Sans effets secondaires.
Mais dans les années 40, les médicaments anti-épileptiques arrivent en fanfare. Plus faciles à prescrire, plus jolis sur ordonnance. Le régime céto tombe dans l’oubli.
Jusqu’à ce qu’une poignée de neurologues opiniâtres, de familles désespérées et un film avec Meryl Streep (« First Do No Harm », 1997) le remettent sur le devant de la scène.
Du cerveau à la balance
En parallèle, des scientifiques explorent un autre aspect du régime : ses effets métaboliques. Moins d’insuline, plus de satiété, moins de fringales, fonte de graisse viscérale, énergie stable… C’est là que l’alimentation cétogène quitte l’hôpital pour faire un détour par les cuisines du monde entier.
Ce qui au départ était une thérapie de pointe pour les pathologies neurologiques devient une stratégie nutritionnelle adaptée à l’obésité, au diabète de type 2, aux troubles hormonaux… et même à la performance sportive.
Et la logique reste la même : changer de carburant pour changer de destin.
Une révolution douce
Aujourd’hui, l’alimentation cétogène s’est éloignée de ses débuts stricts pour devenir plus souple, plus personnalisée, parfois plus joyeuse. Certains parlent de « céto propre », d’autres de « céto ancestral »… Peu importe le flacon, pourvu qu’on reste en cétose.
Mais ce qui n’a pas changé, c’est le principe de base : le gras, bien choisi, peut nourrir le cerveau, le corps, et l’espoir
La chute : comme quoi, même les crises peuvent mener à des solutions lumineuses.
Alors, la prochaine fois qu’on vous dit que le gras c’est mal, rappelez-vous que sans lui, des milliers de cerveaux seraient restés en pleine tempête. Et que tout a commencé parce qu’on a osé poser une question simple : et si on arrêtait de nourrir le problème ?
Références scientifiques en temps réel
Ketogenic Diet and Epilepsy: What We Know So Far: quand les neurones font la java, la diète cétogène débarque en videur de boîte : moins de sucre, plus de calme sous le crâne. Pas besoin de médocs quand l’avocat et le beurre prennent le contrôle de la fête épileptique !
The Charlie Foundation – History of the ketogenic diet: le site qui a popularisé le céto thérapeutique, grâce à un petit garçon nommé Charlie… et à ses parents qui n’ont rien lâché.
History of dietary treatment from Wilder’s hypothesis to the first open studies in the 1920s : En 1921, le Dr Wilder a eu une idée brillante : remplacer les crises d’épilepsie par des crises de bacon. Depuis, la diète cétogène prouve que parfois, pour calmer le cerveau, il suffit de lui offrir un festin de graisses !
Si vous voulez en savoir plus sur le fonctionnement du céto, cliquez ici.