Je dédie cet article à mon ami Jean qui m’a aujourd’hui posé la question sur la mémoire. Avec toute mon amitié.
Elle se présente en robe de brume, ornée de parfums oubliés, avec des éclats de voix d’enfance dans les plis de sa jupe. Par ailleurs, il faut savoir qu’elle vient quand elle le veut, s’installe sur un velours rouge, puis s’en va d’un rire discret, laissant derrière elle un prénom flou, une note qui manque, une phrase suspendue.
Ce qu’elle aime ? Qu’on la désire !
Elle se laisse apprivoiser par la répétition, la douceur, l’émotion. Mais si on l’ignore, si on la brutalise, elle s’efface. Elle se venge. Ses salons se ferment et nous laisse seuls au bal de nos pensées floues.
La mémoire ne se possède pas.
Elle se charme.
Et parfois, elle revient. Plus vive encore, si on la traite avec tendresse, nouveauté et un peu de panache.
La mémoire, cette diva à plumes
Elle oublie, elle revient, elle boude
Une diva capricieuse et lunatique
Un jour, elle retient par cœur le numéro d’un code postal au fin fond de l’Ardèche. Le lendemain, elle oublie l’endroit où on a garé la voiture. Et le nom du voisin ? Mystère total. La mémoire, c’est une diva. Capricieuse. Lunatique. Mais géniale, quand on sait l’apprivoiser.
Elle ne disparaît pas parce qu’on vieillit. L’ennui l’abîme. Elle râle si on ne l’écoute pas. Et parfois, elle fait grève. Parce qu’on lui demande trop ou qu’on ne lui donne plus rien d’intéressant à se mettre sous la dent.
Le cerveau, ce squat de souvenirs
La mémoire n’habite pas dans une seule pièce. C’est plutôt une colocation géante. Dans la cuisine, on trouve l’hippocampe : il trie les souvenirs perso, comme le jour où on a renversé un plat sur la belle-mère. Au salon, c’est l’amygdale : elle peint les souvenirs en rose fluo ou en noir corbeau, selon l’émotion du moment.
Dans le bureau, c’est le cortex préfrontal : il note tout ce qui se passe en temps réel, mais oublie vite si on le dérange. Et dans le sous-sol bien rangé, il y a le cervelet et ses copains des noyaux gris centraux, qui savent jouer du piano ou faire du vélo sans jamais y penser.
La mémoire, ce n’est pas une étagère. C’est un réseau. Elle connecte, elle transforme, elle raconte.
Les mémoires, comme les chaussettes, ne vont jamais par deux
Il y a la mémoire sensorielle, qui capte un parfum et l’oublie aussitôt. La mémoire à court terme, qui retient un code le temps de le taper, puis le jette. La mémoire de travail, qui fait des acrobaties mentales pendant qu’on cuisine en chantant. Et la mémoire à long terme, la costaud, celle qui garde les blagues, les traumatismes et les recettes de grand-mère.
Et dans cette dernière, on trouve la sémantique (les faits), l’épisodique (les souvenirs de vie), la procédurale (les automatismes) et même l’implicite (les trucs qu’on a appris sans le savoir, comme se méfier d’un type avec un sourire de vendeur de fenêtres).
Les ennemis jurés de la mémoire
Ce n’est pas l’âge. Ce sont les habitudes pourries. Le manque de sommeil, par exemple, transforme le cerveau en vieux flan. Sans sommeil profond, la mémoire ne trie rien. Elle laisse tout en tas. Résultat : confusion, trous noirs, phrases qui commencent mais ne finissent pas.
Le stress, lui, c’est du dissolvant à neurones. Il brouille les circuits, coupe les ponts, fait trembler les mains et les souvenirs. L’inflammation chronique ajoute de la rouille partout. Et l’ennui ? L’ennui, c’est la mort lente du cerveau. Il dort en douce, en tongs, en attendant qu’on le réveille avec une nouveauté.
Ce que le cerveau adore manger (vraiment)
Le cerveau est un fin gourmet. Il réclame des oméga-3, en particulier le DHA. On en trouve dans les sardines, les maquereaux, les harengs et tous les poissons qui sentent un peu la mer mais beaucoup l’intelligence. Le DHA, c’est du lubrifiant pour neurones. Ça glisse mieux, ça connecte plus vite.
Il aime aussi les polyphénols, ces petits antioxydants joyeux qu’on trouve dans le thé vert, le curcuma, le cacao noir, le romarin et les myrtilles. Ils chassent la rouille, comme des lutins avec des paillettes.
La choline est son carburant pour fabriquer l’acétylcholine, une molécule qui fait briller la mémoire comme une ampoule neuve. On la trouve dans les œufs, le foie, les crevettes. Pas glamour, mais redoutablement efficace.
Et puis il y a les vitamines du groupe B, les minéraux comme le magnésium ou le zinc, sans oublier un bon petit déjeuner protéiné. Si tu lances ta journée avec des céréales sucrées, ton cerveau te regarde en silence… et se déconnecte.
Une routine à offrir à ses neurones
Les bonnes habitudes de vie
Rien de sorcier. Juste du bon sens. Dormir suffisamment et pas collé à un écran jusqu’à minuit. Bouger un peu tous les jours, même pour marcher en rond dans la cuisine. Manger coloré, gras intelligent et peu sucré. Respirer pour de vrai, avec le ventre, pas juste en mode panique.
Et surtout, apprendre une chose nouvelle par jour. Un mot. Une expression. Une posture de yoga ridicule. La mémoire adore ça. Elle se redresse, elle applaudit, elle dit “merci pour la surprise”.
Parler à des humains aide aussi. Même au facteur. Même au chat, si on y croit. La stimulation sociale, c’est de l’engrais pour synapses.
Les compléments qui peuvent sauver les meubles
Si vraiment le cerveau fatigue, on peut l’aider. Les oméga-3, toujours eux, sont en haut de l’affiche. La choline, version alpha-GPC ou citicoline, redonne de la vivacité aux circuits rouillés. Le magnésium bisglycinate calme les tensions. La rhodiola ou la bacopa aident à rester alerte sans trembler.
La curcumine nettoie les zones d’inflammation cérébrale avec une efficacité de ninja. Et la vitamine B12, surtout après 50 ans, empêche le brouillard mental de s’installer. La L-théanine, elle, calme le mental sans endormir. C’est un chat zen qui ronronne dans la tête.
Mais rien, absolument rien, ne remplacera un bon repas, une bonne marche et un vrai fou rire.
La mémoire, ce n’est pas un tiroir
On ne stocke pas un souvenir comme on range une boîte. On le relie. L’association est essentielle. On le sent, le revit. On l’aime. Un cerveau qui vibre, c’est un cerveau qui retient. Même à 90 ans. Même après trois oublis de prénom.
La mémoire est une histoire d’émotion, de lien, de curiosité. Elle se nourrit de ce qu’on vit, pas de ce qu’on répète sans y croire.
Alors nourris-la. Étonne-la. Fais-la rire.
Et elle te le rendra. Promis.
Ce que dit la science
Consolidation de la mémoire : le cycle de sommeil en question : pendant qu’on dort, le cerveau bosse comme un archiviste zélé : il trie, classe et renforce les souvenirs. Si le sommeil est haché, c’est comme si on lui avait donné un classeur sans intercalaires… et là, bonjour les oublis au réveil.
An overview of the relationship between inflammation and cognitive function in humans, molecular pathways and the impact of nutraceuticals : quand le cerveau s’enflamme (littéralement), il oublie où il a mis ses clés et pourquoi il est entré dans la pièce. Heureusement, certains nutriments jouent les pompiers de luxe et viennent arroser les neurones pour qu’ils arrêtent de buguer.
The Influence of Exercise on Cognitive Abilities : bouger son popotin, c’est aussi bon pour la tête que pour les fesses. L’exercice régulier dope la mémoire, la concentration et la vitesse de réflexion, comme si chaque squat envoyait une caresse aux neurones. Moi j’dis : vive le tennis !
Mindfulness practice leads to increases in regional brain gray matter density : méditer, ce n’est pas juste fermer les yeux en espérant que la vaisselle se fasse toute seule. C’est aussi muscler son cerveau : plus on médite, plus la matière grise pousse dans les zones utiles, comme si l’esprit passait en mode gainage neuronal.
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